(Par Jonathan Bourgeois)
C’est avec une délicieuse touche d’audace que la pièce « Fuck Toute » nous est présentée à la Maison de la Littérature. D’abord accueillis individuellement par une petite surprise, nous sommes invités à choisir notre place dans la salle; certaines assises au sol et d’autres sur une chaise. Un concept fort simple qui, en même temps de nous mettre à l’aise, nous déstabilise quelque peu.
C’est après nous avoir averti que la pièce se déroulera en partie dans la noirceur totale et qu’il ne faudra pas hésiter à demander de l’assistance en cas de malaise, que le spectacle commence.
À travers des scènes jouées sous les projecteurs et d’autres narratées dans la noirceur, il se dégage une prise de conscience, individuelle puis collective, amenée par une forte critique sur des enjeux cruciaux qui nous affectent tous dans notre quotidien et face auxquels nous devrons indéniablement changer notre approche ou nos façons de faire.
La présence de Catherine Dorion s’allie parfaitement à la musique de Mathieu Campagne dans cette salve de critiques à l’endroit de notre mode de vie basé entre autres sur la performance et la consommation.
Cette pièce n’est pas pour ceux et celles qui vivent la tête dans le sable ou qui sont dans le déni, car à plusieurs reprises on nous lance des questions d’une simplicité alarmante, mais qui demeurent perturbantes…. Dont les réponses personnelles nous incitent à réfléchir sur notre parcours de vie et ce que nous voulons en faire. Individuellement certes, mais également collectivement.
Bien que la pièce puise ses origines en Europe, on nous présente ici une version élaborée à partir de la pièce originale (appelée « L’insurrection qui vient » du « Comité Invisible », un groupe anarchiste français). Une pièce à laquelle on a ajouté des citations tirées de divers blogues, dont le savoureux « Fuck le Monde » de Simon Pierre Beaudet. Bref, nous avons donc droit à une version spécialement québécoise qui étend ses critiques jusqu’à des situations bien de chez nous, telles que l’aseptisation de la Fête Nationale de la St-Jean-Baptise sur les Plaines et la construction du nouveau Centre Videotron.
Les auteurs ont su alterner avec brio différentes ambiances, tantôt par l’ajout de trames sonores simples mais efficaces, tantôt par l’éclairage à la chandelle. Ils vont même jusqu’à faire participer certains spectateurs, sur une base volontaire, afin de susciter davantage le questionnement personnel.
En conclusion, il s’agit d’un spectacle taillé sur mesure pour ceux et celles qui ont le goût de changement et qui sont exacerbés par la publicité effrénée qui nous incite sans relâche à consommer, sans réfléchir à ce que nous désirons réellement.
CREDIT PHOTO: affiche de Fuck toute par Pierre Bouchard (Courtoisie: Premier Acte)