Vous avez toujours rêvé de faire partie d’un jury? Les grands débats de société vous interpellent? La pièce Verdict est pour vous. La pièce sera de retour à la Salle Albert-Rousseau le 24 février, en plus d’être présenté au Gésu en décembre.
Quatre plaidories et un choix
Verdict nous présente quatre grandes plaidoiries qui ont soulevé le Québec. Les comédiens Marie-Thérèse Fortin et Paul Doucet reprennent, à tour de rôle, une plaidoirie tirée d’une cause judiciaire ayant fait évoluer la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Qu’on pense à la légalisation de l’avortement, à la lutte contre le profilage racial, aux droits des homosexuels ou à la criminalité, la société québécoise s’est d’abord construite dans les palais de justice.
Dans ce spectacle imagé, la mise en scène est percutante. Ce sont des monologues, n’oublions pas le talent des deux comédiens! Verdict est également une expérience interactive où le public est appelé à prendre position dans un procès, comme le font les membres d’un jury! Une expérience sociale intéressante, un regard poignant et éclairé sur ce qui nous définit.
Le travail de recherche
Documentaristes et auteurs pour la télévision, Nathalie Roy et Yves Thériault sont de véritables passionnés d’histoires judiciaires et criminelles. Ils ont plongé avec grand bonheur pour la première fois dans la création d’une pièce de théâtre. Ils ont identifié les grandes plaidoiries pouvant servir au spectacle, en plus de les éditer. Nathalie et Yves ont choisi les extraits les plus percutants, qui témoignent le mieux de l’esprit de chacune des plaidoiries. Ils l’ont fait avec le plus grand respect envers les éminents juristes qui ont plaidé avec rigueur, clairvoyance et empathie. Ayant à cœur de mieux faire comprendre au public les rouages de notre système de justice, Nathalie et Yves sont ravis de pouvoir le faire, une fois de plus, en collaborant à ce projet inédit qu’est Verdict.
Les quatre causes présentées, en quelques mots
La légalisation de l’avortement et le Dr Morgentaler. Au début des années ’70, un médecin polonais, survivant de l’Holocause, pratique des avortements illégaux dans sa clinique privée de Montréal. Il déclare en avoir pratiquer plus de 5 000. Défenseur des droits de la femme, il affirme :
Si j’aide les femmes à avoir des enfants au moment de leur vie où elles peuvent donner de l’amour et de l’affection, ils ne deviendront pas des violeurs ou des assassins. Et ils ne construiront pas des camps de concentration.
«Morgentaler est un assassin. Why kill the unborn ?» peut-on lire sur les pancartes des manifestants anti-avortements. Cela mène l’État à perquisitionner la clinique du médecin et à l’accuser. On lui reproche d’avoir pratiqué des avortements illégaux, un crime passible de la perpétuité. Devant les tribunaux, le docteur est défendu par un des avocats de la défense les plus réputés de l’époque, Me Claude-Armand Sheppard. Le 9 novembre 1973, au terme d’un procès hautement médiatisé, Me Sheppard livre une plaidoirie réfléchie, devant un jury composé d’onze hommes et d’une seule femme, qu’il tente de convaincre d’acquitter son client.
Un couple de Montréalais et Les droits de la communauté LGBTQ+. Au tournant de millénaire, un couple de Montréalais entreprend une croisade pour que le mariage entre conjoints de même sexe soit légalisé au Québec. Pour rendre leur union possible, la loi fédérale doit être modifiée, ainsi que certains articles du Code civil du Québec. C’est la redoutable avocate en droit de la famille, Me Anne-France Goldwater, soutenue par sa collègue Me Marie-Hélène Dubé, qui entame les procédures devant la Cour supérieure du Québec.
Rien dans la loi ne définit l’amour. Ces deux hommes ont subi des années de préjugés, et de harcèlement. Ils se sont investis au sein de leur communauté et maintenant ils vont faire quelque chose pour eux-mêmes: ils vont célébrer leur amour publiquement. Pas dans un défilé, ni en arborant des pancartes, mais en disant simplement : nous sommes comme vous, déclare Me Goldwater à l’époque.
À l’automne 2001, le procès civil, qui les oppose aux gouvernements du Québec et du Canada, de même qu’à de nombreux groupes de pression à caractère religieux, s’ouvre au palais de justice de Montréal. Me Goldwater fait témoigner ses clients, qui racontent leur touchante histoire d’amour. Elle y va ensuite d’un plaidoyer enflammé, en détruisant un à un les arguments des groupes religieux et en attaquant la Constitution canadienne.
Joyce Echaquan et le racisme envers les Autochtones. La découverte des corps de plus de deux-cents enfants autochtones sur le terrain d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, en 2021, a replongé le Canada dans un chapitre noir de son histoire. Des milliers d’enfants ont été arrachés à leurs familles et à leur culture, pour être envoyés dans des écoles gérées par l’Église, dans le but d’y être assimilés. Ils y ont trop souvent été maltraités et abusés. Le drame survenu en septembre 2020 à l’hôpital de Joliette, quand Joyce Echaquan, une mère de famille Atikamekw est morte dans l’indifférence totale, est une des manifestations de cette tragédie.
Les insultes envers Mme Echaquan, proférées par des membres du personnel soignant et publiées sur les réseaux sociaux, a mené à une enquête publique de la coroner Géhane Kamel, quelques mois plus tard. Me Jean-François Arteau, procureur du Conseil de la Nation Atikamekw, s’est investi corps et âme pour dénoncer le racisme dont a été victime la mère de sept enfants. Lors de ses représentations finales devant la coroner, en juin 2021, il a plaidé pour une véritable réconciliation de tous les peuples.
À vous de choisir : Les interventions policières. Est-ce que Basil Parasiris était justifié de tirer sur un policier, le matin du 2 mars 2007 quand celui-ci a défoncé la porte de sa demeure, avec huit de ses collègues? C’est la question à laquelle le public doit répondre. Lors de cette dernière cause, vous aurez l’occasion de vous mettre dans la peau d’un juré, après avoir entendu des extraits des plaidoiries des deux avocats.
Vous entendrez à tour de rôle, le texte d’un des plaideurs les plus remarquables de sa génération, Me Jacques Larochelle, et celui d’une procureure de la Couronne aguerrie et tenace, Me Joëlle Saint-Germain. Pour la défense, Me Larochelle a fait valoir que l’accusé n’a fait que protéger sa famille en tirant quatre balles avec son revolver Magnum 357, provoquant la mort de l’agent Daniel Tessier. Il se croyait illégalement attaqué et n’aurait pas réalisé que l’homme qui pointait son arme sur lui était un policier. Il a agi ainsi pour sauver sa vie, celle de son épouse et de ses enfants.
Pour la poursuite, Me Saint-Germain a plaidé que Basil Parasiris avait l’intention de causer la mort du policier quand il a décidé d’enfoncer la gâchette de son revolver. Selon l’avocate, plusieurs autres options s’offraient à lui, mais il ne les a pas considérées.