Un bijou de roman, par Michel Lemieux et Sébastien Gagnon, qui se lit aussi vite qu’une toiture de bardeaux se transforme!
Dans Territoire de trappe (Tryptique), les auteurs Michel Lemieux et Sébastien Gagnon marièrent leur voix pour un récit primé mêlant religion, corruption et vengeance. Les quatre mains frappent encore juste dans ce nouveau roman, Noir deux tons (Québec Amérique, collection La Shop): une incursion dans le quotidien d’un patelin de région, sous l’œil de deux beaux-frères dans la construction.
Couvreurs recherchés
Cowboy et René. Le dernier est le frère de la défunte femme du premier. Ensemble, ils forment un duo déglingué oeuvrant dans un quartier embourgeoisé. Les couvreurs de toiture débarquent avec leurs outils, leurs matériaux et leur vieille voiture dans ce quartier chic d’une petite ville du Lac-Saint-Jean. Du toit des propriétés, ils ont une vue imprenable sur les us et coutumes des résidents semi-bourgeois. Pendant une quinzaine de jours, le temps de refaire quelques toitures, les deux entrepreneurs au noir s’immisceront un peu trop dans le quotidien de ces gens. Ils fouteront le bordel et causeront du trouble dans le voisinage, mais aussi auprès de ses citadins. Ça pourrait mal finir, puisque s’engage alors une lutte des classes…
Un humour noir deux tons détonnant!
Ce récit des auteurs de Dolbeau-Mistassini allie avec brio émotion et humour. On se plait à y suivre les péripéties, pas toujours réglos, de deux acolytes attachants, touchants, désespérants. Parce qu’on s’attache au coeur de Cowboy, à la fureur de René, aux passés sombres des Dufour. En littérature, rares sont les incursions dans le monde peu connu du travail de construction au noir. Dans Noir deux tons, on met en scène des gars à qui on ne donne pas souvent la parole. Une rareté aussi étonnante que l’écriture à quatre mains, fine, maîtrisée, qui s’enrichit des forces de chacun pour arriver à une trame narrative ouvragée dans laquelle, au-delà du style humoristique, les enjeux sociaux résonnent fort.
À propos de…
Sébastien Gagnon / Il écrit aussi des romans jeunesse et ne se tient jamais bien loin d’un plan d’eau ou d’une talle d’épinettes.
Michel Lemieux / Il est directeur d’un organisme communautaire et travaille sur douze mille projets d’écriture.