En cette période bien particulière, on trouvait qu’on manquait un peu de positif… La CLIQC a donc décidé de mettre en lumière les gens d’ici! Artistes, humoristes, entrepreneurs, sportifs… Découvrez davantage avec nous ces personnalités en tous genres, qui agrémentent notre quotidien!
Aujourd’hui, découvrez l’univers et le parcours de Patrice Plante, mixologue et entrepreneur, président-fondateur de Monsieur Cocktail!
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Plus jeune, quel genre d’enfant étais-tu?
Très réservé et très timide, j’avais peu d’amis. J’étais très studieux, je jouais à Donjons & Dragons et je passais mes weekends entiers à la bibliothèque! Je lisais 2 à 3 livres par semaine!
À quel moment as-tu eu le déclic pour ton métier?
Après avoir coulé ma vingtaine au gouvernement en Design Web, je me suis lancé à 29 ans en cuisine. C’est là, en me rapprochant du monde de la restauration, que je suis tombé amoureux de la cuisine « liquide ». À 30 ans, je faisais le saut derrière le bar de l’Atelier à Québec, mon premier emploi en restauration.
Quelle a été la réaction de tes parents, tes proches?
Au départ, mes parents n’étaient vraiment pas d’accord, disons, avec ma décision de laisser une job de professionnel au gouvernement, et permanente, pour me lancer en restauration à 30 ans. J’étais sans le sou, en appartement, je n’avais jamais rien mis de côté. La catastrophe. Un an plus tard, quand j’ai réussi par chance extrême à me faire un nom, à commencer la radio et la télé à Salut Bonjour, ils ont compris que j’étais en train de trouver, enfin, ma voie.
Parle-moi de ton parcours ensuite?
Mon envie de démocratiser le cocktail était purement fiévreuse : compétition de mixologie au niveau canadien et mondial de 2014 à 2017, chronique hebdomadaire d’abord à WKND radio puis à ENERGIE et enfin à Rouge FM, chroniqueur mixologie à Salut Bonjour depuis bientôt 7 ans, premier show de cocktails à TVA en 2015, puis à V, puis à Télé-Québec. En 2016, après avoir tester plusieurs choses, fondé une École de mixologie, acheté des parts du bar L’Atelier, écrit des livres sur les drinks et louer une surface dans une boutique pour y vendre des accessoires cocktail, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat sérieux avec Monsieur Cocktail, pour qui la mission est d’enfin rendre la mixologie à la maison facile, rapide et accessible.
C’est en 2018 que j’ai reçu les grands honneurs ; j’ai été sacré Meilleur mixologue québécois de l’année aux Lauriers de la gastronomie québécoise pour l’ensemble de mon parcours et de mon impact sur l’industrie, et 2 mois plus tard, mon livre l’Aventure de la mixologie décrochait le titre de Meilleur livre de cocktails au monde aux International Gourmand Awards.
Ta plus grande fierté jusqu’ici ?
Mon équipe. Encore aujourd’hui, je n’arrive pas à croire que j’ai pu bâtir une communauté, un mini-monde, celui des employés, des partenaires, des fournisseurs et des clients de Monsieur Cocktail qui gravitent tous autour de cette idée simple de s’offrir des moments cocktail hors de l’ordinaires et surtout, en toute simplicité.
Qui sont les personnes qui t’ont inspiré durant ton parcours?
Il y en a plusieurs. Fabio Monti et Jonathan Ollat de l’Atelier ont été et seront toujours des phares qui me guident à travers les épreuves et la beauté de la restauration. Quiconque aspire à trouver les meilleurs mentors du métier devrait cesser immédiatement de chercher.
Ricardo Larrivée. Il m’a montré le pouvoir de la simplicité. Il m’a montré qu’à titre d’expert dans mon domaine, je n’avais pas à devenir moins accessible pour autant et qu’au contraire, je pouvais inspirer à mon tour des milliers de personne à se défaire de l’idée préconçue qu’un cocktail, c’est ben trop compliqué.
François Chartier, Stéphane Modat et Michaël Carpentier seront des amis chers pour le reste de mon existence, et ils m’ont montré que même au sommet de notre art, l’humilité peut demeurer la figure de proue de nos valeurs.
Enfin, il y a Dominique Brown. Il existe des entrepreneurs dont les valeurs, le leadership et le talent résonnent si forts qu’ils vous accompagnent dans chacun des choix, des embûches et des bons moments de notre parcours. Dominique est d’abord et avant un ami précieux, mais je suis convaincu qu’à terme, on le reconnaîtra comme le plus grand et le plus humain entrepreneur de son époque. Il m’inspire au point où, devant toute difficulté je me demande souvent : WWDD? What Would Dee Do?
Quelles embûches as-tu dû traverser pour te rendre où tu es aujourd’hui?
J’en compte pas moins de 238? *rires. La plus difficile, dans la vingtaine, a été de vaincre ma gêne en public et de me laisser aller pour perfectionner mes qualités de communicateur. Pour un ti gars gêné qui faisait des jeux de rôles, disons que ce fût une embûche épique. L’autre énorme, mon embûche de la trentaine si on peut l’exprimer ainsi, c’est celle de l’imposteur. Lorsque j’ai débuté à l’Atelier à 30 ans comme bartender, je n’avais jamais exercé ce métier avant et je ne me suis jamais senti autant « pas à ma place ». Et aujourd’hui, maintenant que je suis reconnu comme mixologue de confiance auprès des québécois (enfin je l’espère), je vis toujours ce syndrome de l’imposteur par rapport à ma nouvelle carrière d’entrepreneur. Je suis un éternel autodidacte et il est difficile de se libérer des étiquettes.
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait faire ton métier?
Si quelqu’un désire devenir bartender professionnel, je lui recommande de trouver un des grands mentors du Québec, un mixologue que la personne suit et respecte, et harceler cette personne jusqu’à ce qu’elle vous dise oui. Lorsque j’ai commencé, j’aurais adoré que Drahos Chytry ou Manny Vides m’enseigne l’hospitalité ou que Fabien Maillard me montre l’alchimie des saveurs. Si vous voulez devenir une rock star, tenez-vous près des rock stars.
Le même conseil s’applique aux futurs entrepreneurs. Assurément, vous avez un top 3 des dirigeants d’entreprise qui vous inspire au plus haut point. Et bien, vous attendez quoi? «Go get it tiger!» On ne peut réussir à tous les coups, mais les entrepreneurs québécois sont si généreux, assurément que la majorité d’entre eux accepteront d’aller prendre un verre ou un café avec vous. Et cette heure offerte pourrait vous éviter des années de catastrophe.
Parce qu’au bout du compte, savez-vous la seule chose qui équivaut à 20 ans d’expérience dans le métier de votre rêve?
20 ans.
Dans le contexte actuel, comment fais-tu pour garder le moral et surtout, rester positif pour la suite?
J’ai confiance en mon gouvernement et aussi en la capacité incroyable de l’humain à s’adapter. Je garde le moral et restant positif du mieux que je peux. Il faut réussir en ce moment, peu importe notre position, à s’affranchir de nos idées préconçues et aborder l’avenir avec lucidité. Non, tout ne sera pas comme avant. Il faut d’abord l’accepter, rester positif et entrevoir comment nous allons changer.
Parce qu’un rêve brisé n’est pas nécessairement un rêve en moins. Tant que nous avons la santé et que notre famille et nos enfants sont en santé et en sécurité, tout est possible.
Dans 10 ans, tu aimerais….
Avoir une grosse famille et faire des enfants à répétition, parce que c’est le plus beau cadeau de la vie. Je suis depuis février l’heureux nouveau papa d’une petite fille, Simone, et je capote littéralement comment l’existence, soudainement, prend tout son sens. Au-delà de mes aspirations, de mes passions et de mes soucis, ma famille, ma copine et mon enfant sont une source inépuisable de bonheur.