Un ouvrage, par Michel Dorais, à mettre entre les mains de tous les gars
Conduire sa vie amoureuse sans provoquer d’accidents, sans blesser personne ni se retrouver dans de mauvais draps, ça ne va pas toujours de soi. Ce guide, par le sociologue de la sexualité, vise à saisir ce qui se passe dans la tête des gars quand ils risquent de déraper. Pour éviter que ça se reproduise.
Porter un pénis, c’est porter une responsabilité! – Michel Dorais
Le mouvement #MoiAussi #MeToo a été un appel au changement. Il y a des comportements inacceptables, tout le monde est d’accord là-dessus. Mais du côté des solutions, ce n’est pas toujours évident. Plus que jamais, une discussion entre gars s’impose, sans renoncer au sens de l’humour qui a encore sa place.
Ce livre s’adresse et intéressera toute personne voulant comprendre les hauts et les bas de la sexualité masculine, en commençant par les hommes eux-mêmes. Il s’adresse également aux partenaires et aux proches de ces hommes. Finalement, il s’adresse aux enseignants qui cherchent à mieux aider les jeunes hommes.
Lire avec des yeux de profs
Comme vous êtes à même de le constater si vous me lisez régulièrement, je lis beaucoup, et de tout. Parfois pour le plaisir, parfois pour en faire une chronique, parfois pour devenir un meilleur enseignant. C’est le cas ici: j’ai mis mes lunettes d’enseignant de sciences au secondaire pour lire ce guide dynamique. Mon intention de lecture était la suivante: comment puis-je, dans mon enseignement, véhiculer des indices de bonnes conduites sexuelles aux gars, tout en favorisant une masculinité positive, afin de répondre à l’appel du changement #MeToo? (Pour des réponses sur la masculinité positive, lire Liz Plank ouvre le dialogue pour une masculinité positive; pour lire sur le mouvement #MoiAussi au secondaire, lire Le phénix de Romane, dans Moi Aussi, de Sophie Rondeau.)
Transformer en connaissances la surabondance des informations disponibles, puis les convertir en attitudes et en comportements appropriés, ce n’est pas simple.
Et c’est là que les enseignants, les parents et les proches des gars interviennent. En favorisant le développement de l’éthique, les gars en viennent à prendre les meilleures décisions possible, selon les circonstances et les valeurs qu’on privilégie. L’objectif de tout enseignant, par le programme d’éducation à la sexualité, c’est, entre autre, d’apprendre aux enfants à reconnaitre les signes de non-consentement ou les réticences de leurs partenaires. Qui n’a pas déjà vu cette vidéo?
On peut en rire, comparer le consentement sexuel à une tasse de thé. La vérité, c’est qu’elle met en image de réelles situations d’agressions. Une éducation sexuelle responsable, qui est, je l’espère, présentée dans chaque classe du Québec, permet la transformation de connaissances théoriques en savoir-être et en savoir-faire.
Dans une classe, ça ressemble à quoi?
Ce serait mentir que de dire que c’est facile! Personnellement, mon but n’est pas d’imposer, mais plutôt d’écouter, de savoir référer à d’autres ressources en cas de besoin, d’accompagner aussi. J’encourage le libre questionnement, la libre expression d’interrogations. Les gars ne sont pas friand de confidences, surtout devant un groupe. L’installation d’un climat de confiance dans un groupe est primordial. Il faut surpasser les connaissances théoriques afin de développer des attitudes et des comportements. Il faut inculquer des valeurs de réciprocité, excellent antidote aux abus.
Les gars, et les filles, doivent envisager, dès un jeune âge, la sexualité comme une activité qui se réfléchit, de discute, se prépare et se critique. Plus vieux, il sera difficile de s’en convaincre, surtout si des comportements négatifs sont bien ancrées. « Les jeunes ont besoin de notre écoute […] lesquels visent moins à leur donner des recettes toutes faites qu’à leur permettre d’élaborer leurs propres solutions! »
C’est ce que je fais en classe. Du moins, je l’espère!