Alexandre Poulin est un auteur-compositeur-interprète québécois. Peu certain de son avenir musical, il a étudié à l’Université de Sherbrooke au BAC en Français et en Histoire dans l’intention d’enseigner ces matières en attendant de percer dans le monde musical qui était son rêve le plus fou. Il comptait faire un peu de remplacement avant que son rêve se concrétise. Sa carrière a débuté par la sortie de son CD Alexandre Poulin en 2008. Il avait tenté de sortir cet album à trois reprises avant la grande sortie, comme quoi il est important de suivre nos rêves. Vient ensuite, en 2010, la parution de son CD Une lumière allumée et en 2013 Le mouvement des marées. Son récent album, Les temps sauvages, est sorti en novembre dernier.
Les temps sauvages représente notre société actuelle, ce qu’on vit ou ce qu’on peut vivre en 2017 : le rythme effréné, les amours, la vie numérique, le bonheur au quotidien, les peines. En interrogeant Alexandre sur la signification du titre de son album, il m’a expliqué que le terme sauvage, on peut choisir ce que ça veut dire, on prend la signification comme on le ressent, selon notre propre perception du monde. «C’est ce que j’aime, d’ailleurs, dans ce que je fais, j’essaie de ne pas arriver à la vérité absolue pis après, bien écoute, t’en fais ce que t’en veux.» Alexandre m’a aussi expliqué que pour lui, Les temps sauvages c’est ce qui l’entoure. Il présente cet album en mentionnant : «Voici la société dans laquelle je vis et j’évolue.»
Alexandre Poulin nous raconte des histoires tout au long de l’album, il nous raconte le monde qu’il perçoit, son petit quotidien. C’est un album riche, profond et bien structuré. Ses études littéraires apportent un cachet supplémentaire à chacune de ses pièces : cela apporte des subtilités, un deuxième degré de compréhension. Il m’expliquait que plusieurs ne comprennent pas nécessairement les seconds degrés de ses chansons, mais qu’il s’était fait à l’idée avec le temps. *Rires* La langue française est, pour lui, quelque chose de magnifique qu’on peut manipuler comme bon nous semble.
Cet interprète fait un choix très humble en décidant de ne pas médiatiser ses spectacles, ni ses sorties d’album. Il m’a avoué qu’au début de sa carrière, c’était loin d’être un choix. Il n’avait pas un gros follow up. Mais en travaillant fort, il est parvenu à faire ce choix aujourd’hui, il a découvert qu’il n’avait pas besoin de toute cette médiatisation pour se faire connaître. Cependant, l’arrivée des réseaux sociaux lui a permis, notamment, à rejoindre son public sans devoir passer pas les médias pour se promouvoir. Il échange avec eux, il publie les dates de ses spectacles sur sa page Facebook. Cette authenticité avec ses fans lui permet de faire plusieurs concerts à salle pleine. Il soutient que sa vie est un équilibre parfait pour ce qu’il fait en ce moment : il fait un métier qu’il adore, sans nécessairement être reconnu partout, mais en remplissant la plupart de ses salles, sans la promotion des médias. «Moi, je crois beaucoup à ça, l’équilibre.» L’équilibre pour lui, c’est des hauts, des bas, qui forment une moyenne à la fin. Il soutient que toutes les joies, toutes les peines, forment au final la même ligne droite que quelqu’un qui n’aurait rien vécu. Il faut simplement trouver le juste milieu dans ce qu’on fait.
Je lui ai alors posé une question sur les réseaux sociaux et la vie numérique qui fait un léger clin d’œil à sa chanson Les amours satellites qui raconte l’histoire de l’amour à l’ère de la technologie, pour savoir ce qu’il en pensait. «Comme toute chose, y’a du bon pis du pas bon. Je trouve ça utile pour ma carrière. […] Par contre, personnellement, ça peut vraiment nous bouffer du temps, tu fais vite rien quand t’es là-dessus.» Il a avoué être un amoureux de la lecture, mais que depuis quelques années, il a l’impression de ne pas lire autant qu’avant. Il a remarqué que les médias sociaux prenaient une très grande place dans sa vie : les instants libres qu’il avait, il les passait sur son téléphone au lieu de les passer dans les livres. «Je suis un gars qui a toujours beaucoup réfléchi, sur le monde, sur ma vie, sur moi. […] C’tait pertinent dans ma démarche personnelle. Pis j’ai réalisé que ça faisait des années que j’avais pas fait ça. […] Le moment que je pourrais avoir pour réfléchir, y’est occupé à ramasser mon téléphone pis checker des affaires.» Il m’a alors confié que le simple fait d’être conscient de ce problème lui a permis d’entreprendre une démarche pour lire davantage et vivre le moment présent. «L’équilibre, c’est le mot clef d’aujourd’hui.»
Sa chanson Lundi raconte les petits bonheurs quotidiens. Le fait de tout lâcher et de recommencer quelque chose qui nous tient à cœur, quelque chose qui nous représente davantage. Cette chanson raconte l’histoire d’un couple qui s’ouvre une petite boutique pour vivre heureux, pas bien riche, mais heureux. J’ai demandé à Alexandre c’est quoi son petit bonheur quotidien : «Ça va paraître cliché, mais c’est ma fille.» C’est un être très humain et humble, il prend le temps de profiter de la vie. Alexandre est un homme qui aime prendre son temps, qui aime profiter de tous les petits moments présents dans sa vie. «Au quotidien, je suis chanceux, je suis né avec le bonheur facile.» Il ajoute ensuite : «Y’a des p’tits bonheurs de rien qui font juste que la vie, au quotidien, est belle.»
Alexandre aime regarder sa blonde et se dire «Ostie, qu’est hot cette fille-là.» Il est conscient du bonheur dans sa vie, de l’amour qu’il éprouve pour elle et sa fille. Ce qu’il aime, c’est travailler. Un couple, c’est deux personnes distinctes qui travaillent ensemble pour être bien, sans être un nous. J’ai demandé à Alexandre de me dire en un mot, c’était quoi l’amour pour lui. Admiration fut le mot le plus juste qu’il a pu trouver. Il aime admirer sa blonde, la voir évoluer autant que lui. Ils ont leurs projets distincts et ce qui les fait évoluer ensemble.
Alexandre Poulin est en spectacle au Théâtre du Petit Champlain les 29 et 30 mars prochains. Ces deux spectacles sont affichés complets, mais vous avez la chance de vous reprendre le 20 octobre prochain au Grand Théâtre de Québec pour le voir (ou revoir!) en spectacle dans la belle capitale. Il donne un spectacle merveilleux : il raconte ses histoires, il joue de l’harmonica et de la guitare acoustique et il donne un vrai bon show.
Pour en savoir davantage, vous pouvez visiter son site internet.
«Les temps sauvages, c’est la dualité entre l’envie de liberté et les obligations d’une société qui nous consume pendant qu’on la consomme. C’est le besoin de ralentir, de sortir de la file, de briser le rang, alors que tout explose autour de nous. C’est aussi cette sensation de vide et de trop à la fois. C’est l’envie d’exister ailleurs que sur un écran, pour crier à la face du monde que pour créer du possible il faut se sentir sauvagement vivant.» (Source : Album Les temps sauvages d’Alexandre Poulin)