Mardi 21 février 2017.
Soir de première pour la pièce de théâtre Les véritables aventures de Don Quichotte de la Mancha mis en scène et pensée par Philippe Soldevila d’après le fameux livre à succès de Miguel de Cervantès.
Le théâtre Périscope est noir de monde, la salle est comble.
Les acteurs sont sur scène pour accueillir les spectateurs. Ils sont assis au centre de la scène pointés par différentes lumières blanches et ils sont tous vêtus de blanc. Les spectateurs comprendront plus tard que cet effet de blancheur représentera une plage de Barcelone.
Cette ambiance conviviale invite le spectateur à une soirée rafraîchissante, mais aussi réconfortante. Un vent de nouveauté pour nous réchauffer l’âme.
L’histoire de Don Quichotte est divisée en deux parties distinctes dans cette pièce. Le premier tome de Don Quichotte est raconté par l’entremise d’un jeu de marionnettes présenté par Maese Pedro à un public. Le deuxième tome, lui, est raconté par le jeu des personnages de Don Quichotte et de Sancho Panza, son écuyer. Deux histoires sont alors racontées en même temps sur la scène : le spectateur ne doit point perdre le fil.
La première histoire raconte qu’un certain Alonso Quichano, un simple homme de village, se prend pour un valeureux chevalier médiéval après avoir lu plusieurs romans de ce type. Il tente désespérément de reproduire les exploits de ces derniers. Il se trouve un nom de chevalier (Don Quichotte) et une monture, un merveilleux cheval nommé Rossinante. Il décide aussi de tomber amoureux d’une jolie jeune dame, Dulcinée de Toboso, pour devenir un vrai chevalier. Don Quichotte se fait suivre par son écuyer, Sancho Panza, dans ses aventures et sa folie. Plusieurs péripéties découlent de l’idée de devenir un preux chevalier : ce dernier se retrouve dans plusieurs situations les plus folles les unes que les autres. La deuxième partie raconte le succès éditorial des histoires de Don Quichotte. Le chevalier, toujours atteint de sa folie chevaleresque, ainsi que son écuyer sont conscients de l’ampleur de leur histoire, car un certain Sidi Ahmed Benengeli aurait écrit un livre sur leurs aventures. C’est alors que d’autres péripéties voient le jour.
Dans la pièce, les personnages évoluent sur scène tout en représentant l’histoire de Don Quichotte d’une manière postmoderne. Le metteur en scène, Philippe Soldevila, a cru bon d’intégrer des éléments de notre ère dans des histoires écrites en 1605 et en 1615. Sur scène, les acteurs prennent des selfies et plusieurs vidéos sont présentées. Ces vidéos permettent de faire un changement du jeu sur scène pour apporter une ambiance nouvelle.
Par ailleurs, la pièce est présentée en trois langues : le français, l’espagnol et le catalan. Des sous-titres sont affichés tout au long de la pièce pour suivre avec les personnages. C’est un moyen très audacieux et intéressant de présenter un classique de la littérature. Le metteur en scène voulait probablement faire un clin d’œil aux origines des histoires de Don Quichotte.
Les décors, les costumes et l’éclairage sont adaptés à la pièce et à l’époque. Ce qui ajoute l’effet postmoderne au décor est l’utilisation d’un écran qui diffuse plusieurs vidéos sur scène. De plus, plusieurs marionnettes, confectionnées par Pierre Robitaille (celui qui incare Sancho Panza), sont manipulées pour raconter une partie de l’histoire de Don Quichotte. Cet élément, très audacieux, fait comprendre au spectateur la nuance entre les deux histoires et cela apporte quelque chose d’un peu naïf à la pièce. À la base, l’histoire de Don Quichotte est une satire, une parodie, des histoires de chevalier. Cervantès a voulu créé une histoire comique qui s’est transformée, avec le temps, en classique littéraire. L’effet des marionnettes rappellerait alors l’idée de parodie du temps des chevaliers.
Le jeu des comédiens est aussi remarquable. Victor Alvaro, Savina Figueras, Pierre Robitaille et Nicola-Frank Vachon ont su divertir le public tout au long de la soirée. Leur jeu est précis et le texte bien appris. Il est évident que toutes les heures de travail acharnée ont portées fruit. De plus, manipuler deux langues et intégrer le spectateur dans la pièce sont des éléments très intéressants dans ce genre de soirées. Le personnage de Nicola-Frank Vachon, jouant Don Quichotte, se promène à quelques reprises entre les spectateurs : ceci crée un contact important entre le public et les acteurs.
D’ailleurs, plusieurs rires se sont fait entendre au courant de la soirée. Le côté niais de la pièce a su faire rire les spectateurs, tout en les divertissant. En sortant de la salle, plusieurs commentaires mentionnant l’audace du metteur en scène ont été entendus. Les gens semblaient être satisfaits et amusés de leur soirée.
En assistant à la pièce Les véritables aventures de Don Quichotte de la Mancha, il ne faut pas s’attendre à une histoire qui colle exactement aux écrits de Cervantès. Il faut regarder cette pièce avec un second regard et être prêt à passer une soirée agréable, voire un peu loufoque. Il faut comprendre que le metteur en scène avait une énorme liberté pour recréer cette histoire qui a été représentée et jouée plusieurs fois auparavant. Il est arrivé avec une nouveauté qui a su charmer plus d’un spectateur.
Cette pièce est présentée au théâtre du Périscope du 21 février au 11 mars 2017. Elle est présentée par la production du Théâtre Sortie de Secours, Pupulus Mordicus, Gataro (Barcelone), Grec 2017 Festival de Barcelona, avec la collaboration de Fundacion Internacional et de Teatro Clasico de Almagro.
Pour assister à la pièce, les billets sont en vente sur le site du théâtre Périscope.