Photo: Ottawa Citizen
C’est vendredi soir dernier au Grand Théâtre de Québec, que The Hole Body Tattoo nous a offert une performance percutante, voire violente, qui n’est définitivement pas « grand public ».
La prestation débute par une longue « quasi immobilité »des danseurs, juchés individuellement sur des blocs illuminés. Le tout sur une trame de fond qui rappelle des extraits de l’album « The Wall » du groupe Pink Floyd. La troupe de danse est accompagnée par des musiciens, cachés au fond de la scène, ce qui a pour effet d’intensifier l’émotion véhiculée.
Ils sont tous vêtus de complets, de style « jeune professionnel ». Seuls des mouvements brusques sont exécutés sur une cadence lente et saccadée. Des gestes qui semblent exprimer un profond « mal d’être »…. Une puissante détresse physiologique, même physique.
C’est en coordination avec les percussions qui se font pour la première fois entendre, que les danseurs performent une chorégraphie illustrant un combat, une résistance à se soumettre peut-être? Ils exécutent avec brio une série de mouvements répétitifs, dont les bruits que produisent leurs corps tendent à rappeler ceux d’une vielle usine.
Lorsqu’on ne voit pas le groupe de musiciens à l’arrière de la scène, celle-ci est recouverte d’un fond noir, sur lequel sont projetées certaines phrases et images. Des textes supportant et complétant bien la prestation et le message véhiculé par les artistes. Ces énoncés peuvent cependant parfois déconcentrer, déviant l’attention de la performance…. Comme s’ils nous faisaient perdre le focus sur l’essentiel: la danse.
Un sentiment de paranoïa sociétaire est habilement exprimé, soutenu par des « énoncés audio » de type: « The end is coming » (La fin approche). À noter que sur scène, tous les textes sont écrits dans la langue anglaise. Une traduction est disponible dans le feuillet remis au début du spectacle.
Par moment ce sont des scènes de combat où l’un tente de dominer l’autre…. Ou de l’aider brièvement, pour ensuite le rejeter violemment.
Une chorégraphie plutôt marquante qui m’a parue de très longue durée, mais qui devait être en réalité que d’une ou de deux minutes tout au plus, est celle d’une femme qui se frappe violemment. Une sorte d’auto-destruction intense, une auto-mutilation performée de façon si réelle par la danseuse, qu’elle laisse de glace. Elle semble vouloir s’arracher ses vêtements, ses cheveux, sa peau…. Elle arrive à exprimer un pur état de crise, une détresse intense.
En bref, l’ensemble de la performance tend à illustrer un rythme de vie trop rapide. Une vitesse exaspérante, épuisante, souffrante…. Dans un monde aux valeurs artificielles, où on ne semble plus pouvoir compter sur son voisin, où l’on se méfie de ses proches et où on pallie à la tristesse par la consommation…. Succombant à la tentation de ses vices.
C’est un spectacle intense et réussi. Il est sans trop de longueurs et sait garder ses spectateurs en haleine. Bien évidement, ce n’est pas une sortie familiale, où l’on amène ses jeunes enfants!
Bien que très sombre comme contenu, que ce ne soit absolument pas « léger » comme divertissement, c’est définitivement un spectacle à voir!